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Mémoire ancestrale

Souvenances dévoile la réflexion de dix-huit artistes, qui, tour à tour ont réalisé une résidence à Marrakech, pour dans une seule voix dévoiler cette narration collective. L’exposition sera présentée du 17 novembre 2023 au 28 février 2024 à L’institut Français de Marrakech en collaboration avec la Fondation Montresso* et le projet Majaz.

Hyacinthe Ouattara, Mémoire ancestrale

Medium : laine, chutes de tissus, fil de pêche, clous

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Engageant tout un couloir du bâtiment, Mémoire ancestrale s’articule comme une installation immersive associant symboliquement l’histoire du bâtiment de l’Institut Français aux enlèvements de plus de soixante femmes burkinabés, advenus dans les alentours d’Aribinda en janvier 2023. C’est ainsi en hommage à la « figure magistrale féminine » que Hyacinthe Ouattara renoue plusieurs narratives où l’évocation de la mémoire des lieux et des êtres se transmet à travers le tissu. Médium de prédilection, le textile constitue la base d’un jeu d’ensemble d’étoffes et de fils, en dialogue directe avec l’architecture accueillante.

Dans un véritable travail sur et avec la matière, la gestuelle de l’artiste intègre l’installation et fait de lui ainsi que du spectateur partie intégrante de l’œuvre. Le tissu transmet à la fois un aspect viscéral et fluide qui tisse un langage abstrait trouvant ses résonances figuratives dans les contours de robes dessinées sur les murs. Chargées d’émotion, les écritures y apparaissent comme « les traversées de l’existence humaine ». S’articulant comme des « incantations », elles viennent compléter cette narrative bouillonnante où la figure féminine est invoquée plus que représentée.

S’érige ainsi une symbolique qui interroge le silence des non-dits et des histoires oubliées dans un monde en mouvement perpétuel. À l’image des spectres de récits enterrés, la suspension du tissu animé par le vent crée une poésie intemporelle contant les présences invisibles. La quiétude-même du bâtiment désaffecté reflète un espace de remémoration et de recueillement où l’artiste donne naissance à « un lieu méditatif dans lequel on peut creuser, décortiquer, éplucher ». C’est ainsi sous le signe d’une recherche et d’une interrogation continues que Hyacinthe Ouattara appréhende l’ancestralité comme lien immédiat entre les réminiscences du lieu et l’actualité de notre présent. Il s’agit de la Mémoire comme moyen de transmission qui dépasse l’individu et qui reste avant tout vecteur de la fragilité sur laquelle repose l’humanité.